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Une belle histoire, celle du Paris Givré

Parce que une course sans histoire, c’est comme une fondue sans fromage!! Bonne lecture!

La course populaire de ski de fond “Les Belles Combes”, aujourd’hui organisé par Haut Jura Ski, est une course héritière du “Paris Givré”.

Et le “Paris Givré” est né d’une période bien particulière...

Avec les JO de 1968 à Grenoble, la France (citadine) découvre le ski de fond. Qui n’était que “classique” à l’époque et ce n’est pas sans importance.

10 ans plus tard, les citadins (notamment les baby-boomers qui sont nés dans l’immédiat après guerre) se mettent à cette pratique pas trop sportive (quoique) et qui ouvre les portes de la nature en hiver. Et qui est très économique : ni remontées mécaniques ... ni vignettes.

Les villages profitent de cette opportunité pour tracer (au scooter et rapidement avec de petites machines) un beau réseau de pistes.

Un fabricant de skis, TRACK, propose des skis très bon marchés, à écailles (et sincèrement très médiocres) qui se vendent par dizaines de milliers chaque saison !

Le ski nordique est populaire : pas besoin de technique pour avancer avec ses skis prêts à l’emploi sur un réseau sympathique de pistes . On marche (en glissant quelque fois) 5 à 10 km dans la matinée et avec cette impression de liberté tant appréciable. Les raquettes n’existent pas (plus exactement personne ne les connait).

En France les centres de ski de fond se mettent en place pour donner des rudiments de technique à ces citadins et leur apprendre la glisse (et donc les skis à farter) et se fédèrent dans une association nationale, l’Association Nationale des Centre Ecoles de Ski de Fond de France (ANCEFSF)... où l’on trouve un certain Claude Terraz qui écrit des ouvrages de technique qui sont la bible de l’époque.

Ces centres (près d’une centaine répartis sur tous les massifs) proposent des séjour d’une semaine tout compris (hébergement, prêt de matériel, cours de skis et promenades à la journée). C’est pas cher, c’est rustique ... et ça marche fort. Il y a quelques gros centres (Chapelle des Bois, Bessans, Névache, Le Grand Bornand ...) et beaucoup de petites structures (20 lits maximum et sans activité estivale).

Le skating n’est pas encore inventé, les pistes de ski se stabilisent et surtout se rallongent. Les marcheurs à ski sur Track regardent avec envie ces fous qui glissent avec apparemment le même matériel et la même technique...

En plaine les courses sur route attirent de plus en plus de participants non licenciés, non organisés en club, seulement heureux d’aller chaque fois plus vite ou sur des distances plus longues (5 puis 10 km puis le semi et pour quelques uns le Marathon !).

Toutes les courses populaires de ski de fond (sans doute grâce au précurseur qu’est le même Claude Terraz avec sa Traversée du Vercors) naissent à la fin des années 70. En France mais aussi en Allemagne, Italie, Suisse... et Belgique.

Je suis un produit typique de cette époque. Né en 1949, pas du tout sportif, je découvre le ski de fond à Autrans dans un stage organisé par une structure l’OCCAJ qui, sans être affiliée à l’Ancefsf, en a toutes les caractéristiques.

Je reçois des cours de technique (le pas alternatif), skie sur des Fisher Europaglass que j’apprends à farter, découvre le plateau de Gève, les belles balades .... et le bonheur de remuer mon corps de parisien.

L’hiver suivant, toujours à l’Occaj, un petit bonhomme arrive un soir avec un projecteur de film et nous monter SA Traversée du Vercors, la course qu’il vient de créer. C’est Claude Terraz. Dans ce film un participant explique “... je suis originaire de Grenoble, je travaille maintenant à Paris mais pour rien au monde je ne louperai la Traversée du Vercors. Le vendredi soir je prends le train de nuit pour Grenoble, le samedi je sors mes skis, le dimanche je fais la Traversée du Vercors et le soir je reprends mon train de nuit pour Paris...”

Ce fut le déclic : un jour JE ferai ça. J’ai aussitôt arrêté de fumer, je me suis acheté des baskets (hélas trop petites) et me suis mis timidement à la course.

En 1979 je me suis inscrit au premier stage de “préparation aux courses populaires de ski” organisé par un centre Ancefsf : Chapelle des Bois. A l’issue du stage ma 1ère course : l ’Envolée nordique. 45 km à deux. Magique.

Le week end suivant, revenu à Paris, je m’inscris à ma 1ère course pédestre (le semi-marathon... givré... de Marly le Roi) : une catastrophe.... pour cause de chaussures inadaptées, j’ai couru plus de 10 km en chaussettes !!!!

Puis la même année la Traversée du Massacre et ... le 1er Chalenge organisé par l’Ancefsf, à Chapelle des Bois (une course de fin de saison qui réunissait stagiaires et profs des différents centres Ancefsf)..

Pour mieux comprendre ce qu’était cette période, imagine que presque CHAQUE vendredi soir un bus couchettes partait, rempli, de Paris sur Chapelle des Bois pour amener des parisiens en stage à l’Accueil Montagnard de Chapelle des Bois et les ramenait le dimanche soir dans la capitale. Toute la saison !!! Bon il y avait de la neige et pas encore de réchauffement climatique...

Et pas de skating...

En 1980 c’est la première édition de la Progressime du Jura (la Transju, quoi). J’y suis bien sûr.

Avant cela les premiers “championnats de Paris”, organisés aux Rousses : J’y suis bien sûr.

En ces temps lointains j’étais journaliste professionnel dans une revue politique adressée aux Elus locaux. Depuis ma sortie de fac.

Passionné de ski et emballé par l’esprit de l’ANCEFSF je les convaincs de transformer leur bulletin bi-annuel en une revue quasi mensuelle. Je démissionne de mon canard et me lance dans SKI de FOND de FRANCE. Hélas au moment de concrétiser, les “petits” centres Ancefsf décident (à juste titre) de stopper nette cette initiative. Je me retrouve au chômage ... et suis récupéré par Michel Drapier, patron de Montagnes Magazine, qui vient de lancer une revue “Ski de Fond magazine”. Encore une fois cela parait incroyable aujourd’hui, mais dans ces années là il y avait un VRAI marché du ski de fond populaire et beaucoup de lecteurs potentiels.

Me voici rédac chef de la revue de ski de fond française….

Je participe en 1982, pour la 3ème fois, aux championnats de Paris. Un 15 km contre la montre, aux Rousses.

Une caricature de championnats : à 3 ou 4 skieurs près, nous sommes tous des clampins. En à peine moins d’une heure je me retrouve dans la première partie du classement.

J’ai le tort de l’écrire dans l’article qui rend compte de ces championnats et que j’intitule “SERIEUX S’ABSTENIR ». Dans ce papier j’explique que « Les Parisiens préfèrent les courses populaires aux sprints de 15 km. Il est vrai qu’1 heure de ski pour 12 heures de car ou de train, ça ne fait pas le compte ». Scandale à la FFS Paris qui me convoque : je persiste dans mes critiques et leur suggère de plutôt organiser une course populaire (15, 30 et 45 km) pour les parisiens. Une sorte de championnats de Paris longue distance....

L’idée germe.

Quelques semaines plus tard je participe au 3ème Chalenge Ancefsf au Grand Bornand je crois.

J’y retrouve un responsable ski de fond du plus grand magasin de sport de la région parisienne, le Vieux Campeur : c’est Jean Luc Albouy, qui assure la promo de son magasin. Il me parle... de la volonté de son patron d’organiser une course populaire de ski de fond pour les parisiens.

Le lien est opéré.

Encore une fois, n’oublie pas que le ski de fond est très pratiqué par les citadins : il y a du business !

De retour à Paris je retrouve la FFS Paris et monte une réunion tripartie avec le Vieux Campeur, la FFS et Ski de Fond Mag.

La décision est prise d’organiser en 1983 les premiers championnats de Paris (et skieurs des plaines) de ski de fond LONGUE DISTANCE.

Oui, mais où ? Assurément pas à Paris.

Fidèle de l’Accueil Montagnard je propose Chapelle des Bois.

Jean Pierre Henriet, qui habite Chapelle et travaille avec la FFS national sur les courses Worldloppet et que j’ai connu dans ce cadre là m’appelle :

“Chapelle, c’est pas une bonne idée : ils ont déjà l’Envolée nordique et sont complets tous les hivers. Par contre un autre village du massif, La Pesse, pourrait être intéressé”

Et Jean Pierre nous met en contact avec Jean Yves Comby, responsable de l’association communale chargé du développement touristique de La Pesse (AGAD de La Pesse). C’est tout de suite une réponse favorable .. et la mise à disposition de notre initiative de tout un village passionné par l’idée.

Reste encore à trouver un nom : souvenir de mon premier semi marathon parisien (le semi givré de Marly) je suggère “Paris Givré”.

Idée acceptée.

Tout l’automne 1982 le Vieux Campeur fait la promo du Paris Givré, et à quelques uns nous distribuons des tracts sur un grand nombre de courses à pieds parisiennes (Paris-Versailles, les 20 km de Paris etc).

Avec l’aide financière du Vieux Campeur et le dynamisme de La Pesse, nous proposons un we tout compris (bus couchettes, hébergement, course..) à des prix très modiques.

C’est un grand succès : on remplit 6 car couchettes, rue des Ecoles devant le magasin du Vieux campeur....

Le reste de l’histoire du Givré ...ce sera pour un autre message...

À suivre !!

Auteur : @Boris Pétroff

Article Ski de Fond Magazine 1982

Sur la photo les fondateurs du "Paris Givré", de gauche à droite: Boris Petroff, Jean-Pierre Henriet, Guy Verguet, Jean Yves Comby et Jean Luc Albouy. Pour l’anecdote cette photo a été prise il y a une dizaine de jours à Prémanon, dans l’Espace Paul Emile VICTOR où Jean Luc Albouy présentait le fantastique guide atlas de Nunavut (1280 pages) qu’il vient d’écrire sur ce lieu étrange entre le Groenland et le nord du plateau canadien...

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