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La première course des Belles Combes, commence avec le premier... "Paris Givré"!

1983 : un pari gagné

Jeudi 6 Janvier 1983, 16h00 ..

-« Allo ? Monsieur Jean Yves Comby ? Bonjour. Boris, Boris Petroff à l’appareil… Alors quoi de neuf ? »

-« Boris, oui c’est Jean Yves. Hélas, rien de changé depuis le début de la semaine. Après les pluies incessantes que nous venons de subir, il fait enfin soleil, et toujours assez chaud. Pas de neige à La Pesse. Les prévisions météo sont les mêmes : sans doute de la neige en début de semaine mais rien pour le week end »…

Tout est prêt pour notre première édition du « Paris Givré ». Un sacré pari, soit dit entre nous, que le Comité de Paris de la FFS a parfaitement accompagné et qui doit beaucoup au Vieux Campeur…

Le Vieux Campeur… qui a réservé les bus : 6 cars couchettes. Tous les participants ont été confirmés. Le collège de St Claude accueillera nos parisiens le samedi soir. Les chapiteaux seront montés sur la place du village à La Pesse. Les dossards sont imprimés, les bénévoles à pied de guerre, Michel Grand Clément, le loueur de skis de La Pesse, a prévu la foule …

Tout est OK. Tout ?

… sauf la neige !!

En 1983 il n’est pas question de changements climatiques et le Haut Jura déborde de neige de décembre à avril tous les hivers. Sauf en ce début d’année 1983 …Toutes les courses sont annulées ou reportées.

-« Alors, qu’est ce qu’on décide ? Qu’est ce qu’on peut faire ? Je suis avec Jean Luc Albouy au Vieux Campeur»

-« Jean Luc, bonjour. Comme vous êtes vraiment décidés et un peu fous, voilà ce qu’on vous propose : on prend les pelles et on tâche de tracer une petite boucle sur une combe bien exposée à quelques kilomètres de La Pesse. Ce sera tout à fait skiable, surtout pour des skieurs novices. Mais impensable d’organiser sur cette boucle une compétition de plusieurs centaines de concurrents… C’est risqué, mais après tout c’est vous qui prenez les risques et le village est enthousiaste…»

C’est mieux que rien. De toute façon, trop tard pour annuler. Aucune hésitation entre Jean Luc, le Comité de Paris et moi : on fonce !

Vendredi 7 Janvier 1983, 21h00 ...

48 Rue des Ecoles, devant le magasin du Vieux Campeur, les 6 cars couchettes se remplissent. Quelques têtes connues : des skieurs licenciés du Comité de Paris, mais beaucoup, beaucoup de personnes venues au Paris Givré on ne sait pas trop pourquoi ni comment ?

Jean Luc et moi, nous nous répartissons les cars, avant que tout le monde ne se couche :

-« Une bonne et une mauvaise nouvelle… La mauvaise c’est qu’il n’y a pas assez de neige pour organiser la course. La bonne c’est qu’il y en a assez pour faire du ski. Ceux qui préfèrent rester à Paris : on les rembourse intégralement. Les autres... on vous promet une belle fête ! »

6 cars, 240 personnes… et une seule qui décide de rester à Paris. Une seule (et par parenthèse un super pote de la BNP qui s’en mord encore les doigts aujourd’hui…).

Pour cette 1ère édition, nous ne proposions pas moins de sept formules de séjour mais de loin c’est la première (départ et arrivée Paris, voyage aller en car couchettes, tous les repas et hébergement compris, inscription à la course, retour le dimanche soir avec un panier repas compris) qui fut la plus prisée. Faut dire que cela coûtait 410 F (environ 130 € d’aujourd’hui).

Samedi 8 janvier, 9h00…

La gueule un peu enfarinée, après une nuit assez agitée en car, nous découvrons le village de La Pesse. C’est tout petit mais sympa.

La boulangère a même inventé un gâteau spécial qu’elle appelle un « Paris Givré » ! Michel Grand Clément a réquisitionné des jeunes du village pour louer des skis aux parisiens qui découvrent sinon la neige, du moins le ski nordique. Bien sûr des skis de classique, … à farter …

Il fait grand soleil … mais le vent souffle et annonce comme un changement proche…

Nos citadins montent dans les cars et découvrent sur le site des Belles Combes (vous savez, ce magnifique village dont les femmes s’appellent les Bellescombaises ou peut-être des Bellescombines ?) les joies du ski de fond sur traces.

Retour à La Pesse et … dans l’après midi de ce samedi 8 janvier c’est le miracle : tempête de neige sur le Haut Jura. 50 cm de fraiche…

L’info circule vite : la course est main te nue ! Venez vite retirer vos dossards…

Dimanche 9 janvier, 9h00

La course est maintenue mais sur le parcours de replis aux Belles Combes, départ près de la Simard. Une boucle de 15 km à faire trois fois pour les plus courageux et une boucle de 5 pour les enfants … et les pas rassurés du tout ! La boucle de 15 est assez rude, il faut bien l’avouer, avec une côte sévère et une descente … technique. Pas à l’image de ce dont nous rêvions : une course populaire, au tracé plutôt nonchalant. Pour tous, quoi …

Pourtant s’il y eut des chutes et des temps…homériques nul ne s’est plaint à l’arrivée. Et pourtant, pour ne pas louper les cars du retour sur Paris, il fallut bloquer les skieurs les plus lents au 30ème km quand ils espéraient en boucler 45.

En effet, autre particularité du Paris Givré : c’est la première fois qu’on peut choisir sa distance (15, 30 ou 45 km) en course. Idée magique qui sera reprise … 35 ans plus tard par le Marathon de Bessans. Plus en forme que prévu au 30ème ? Je continue. Crevé au 15ème (ou bien classé…) je m’arrête.

Il ya aussi un challenge par équipe de 5 concurrents, le challenge « Au Vieux Campeur ».

Parmi les lots remis à chacun… un tire-bouchon gravé 1er Paris Givré (sportif … mais amoureux des bons vins aussi) et un porte stylo en bois travaillé par un artisan jurassien (commandé en décembre … 1982 et qui a la caractéristique amusante de porter l’inscription suivante : Paris Givré 1982, et non 83).

Dernière précision : bien que se déroulant dans le massif du Jura, cette course est interdite aux Jurassiens et réservée aux personnes habitant l’un des 26 départements ressortant du Comité de Paris de la FFS (Ile de France, Normandie, Centre, Picardie, Nord-Pas de Calais …). Seule dérogation admise : pour les belges et les bretons !

Que dire de cette première édition ?

Le vainqueur était cheminot (François Sicot), la première femme (Marie Claude Riberon) comme le 1er vétéran (Gilbert Demonchy) du CIHM qui remporte le 1er challenge »Au Vieux Campeur ».

Au total, 530 inscrits !!! 482 partants et 375 coureurs classés.

Que des skieurs des plaines, s’il vous plait.

Quelle époque !!!

Pour ma part je suis ravi de ma 16ème place en 3h31, loin derrière un certain Régis Peschot (qui est le seul à avoir couru TOUS les Paris Givré sur la longue distance). Et heureux du bonheur éprouvé par mon fils aîné (enfin 9 ans en janvier 1983), Nicolas qui finit 3ème du 5 km en 21 minutes…

Au fait en janvier 83 … j’abandonne le journalisme (et la revue Ski de fond Magazine) pour l’administration territoriale : cela me laissera plus de temps pour skier !

L’autre souvenir que j’ai de cette 1ère édition c’est la photo du départ : on y voit des coureurs à pieds qui lèvent bien haut les genoux … et semblent bien gênés par ces drôles de lattes qu’ils sont tenus de porter au bout des pieds !

Et … le désarroi de ces mêmes citadins coureurs à pieds qui découvraient le ski de fond … sans imaginer un seul instant qu’il fallait recouvrir la semelle des skis qu’ils venaient de louer d’un truc bizarre sorti d’une sorte de stick de colle …. Ils ont très vite compris l’intérêt du fart.

Jean-Marie Blot, un skieur du « sporting club SFM » raconte dans un très bel article cette première édition du … « Paris Givré mais Gagné ! ». Voir doc joint.

Et ce que tous (organisateurs parisiens de cette épreuve) nous retenons de cette 1ère édition, c’est que nous sommes tombés sur un village INCROYABLE qui a mis toute son énergie, toute sa fougue à réussir notre course. Dans l’article promotionnel de la seconde édition, nous écrivions : « Trois raisons fondamentales font du Paris Givré la course de la différence : la première c’est grâce à La Pesse : même lorsqu’il n’y a pas de neige, on peut skier à La Pesse. Rendons à ce petit village cet hommage mérité (…) »

Je n’imaginais pas à l’époque que ce modeste Paris Givré donnerait à La Pesse ce coup de pouce pour réussir sa conversion. Et je ne sais pas si Jean Yves Comby (plus tard … Maire de La Pesse) l’imaginait lui aussi. Mais Jean Pierre Henriet avait raison : c’est là qu’il fallait poser notre Paris Givré….

Boris Petroff, le 28 /11/2018…

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